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Etude géodynamique et structurale de la région de Matthew et Hunter, Terminaison Sud de la Subduction du Vanuatu

Le Sud-ouest Pacifique connaît une restructuration importante depuis l’ouverture du Bassin Nord-Fidjien débutée il y a 12 Ma. Le fonctionnement des deux zones de subduction des Tonga-Kermadec et du Vanuatu, et les centres d’accrétion actifs des bassins Nord-Fidjien et de Lau, entraînent des mouvements cinématiques aux conséquences importantes sur l’évolution géodynamique régionale. Les processus géodynamiques en cours ne sont compris que partiellement et des hypothèses parfois contradictoires étaient jusque-là proposées.
L’étude des données géologiques et géophysiques existantes, et notamment les données bathymétriques haute résolution (30m) provenant d’une campagne récente menée par l’Université de Tasmanie à la terminaison sud de l’arc volcanique des Vanuatu (zone des îlots Matthew et Hunter) a permis de mieux appréhender le contexte géologique local.

Les données montrent comment le mouvement extensif E-W se propage depuis la dorsale jusqu’à l’arc qu’elle découpe en deux zones hautes, séparées par un graben central d’orientation NE-SW. Le fossé central est marqué par une série d’injections volcaniques, alignées en fentes de tension, qui concentrent l’activité volcanique récente (Danyushevsky, 2010). A l’Ouest de cette zone en transtension la déformation se concentre le long d’une zone en décrochement pur senestre E-W qui s’interrompt brutalement à l’île de Hunter.
A l’échelle régionale, les données géodésiques indiquent que la subduction qui anime la terminaison Sud de l’arc du Vanuatu plonge vers le Nord à une vitesse moyenne de 4,8 cm/an, contrairement à la subduction sous l’arc central, marquée par une convergence orientée vers le N-E à 11,8 cm/an. Une telle variation du vecteur de convergence probablement liée à la collision de la Ride des Loyauté dans la subduction, se traduit cinématiquement par l’existence d’une micro-plaque (hypothèse déjà pressentie par Monzier,1993) dont la limite encore mal connue au-delà du volcan Hunter, séparerait la région de Matthew-Hunter du reste de l’arc, accommodant l’essentiel du mouvement.

La région de Matthew et Hunter apparaît donc comme une zone atypique et tectoniquement active située à la jonction entre une zone de subduction et une dorsale d'accrétion océanique. Ces zones actives sont généralement le siège de processus hydrothermaux conduisant à la formation de dépôts sulfurés massifs et au développement d'écosystèmes inattendus à ces profondeurs d'eau.
Les résultats de ce stage ont abouti au dépôt de la demande de campagne océanographique CARAVAN  visant à confirmer l'activité hydrothermale par des données de terrain et à compléter la carte bathymétrique afin de confirmer l'existence de la microplaque Hunter.

Par Maud FABRE, 2013
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